Se sentir chez-soi dans le vent

Un courant d’air sud-nord traverse l’atelier avec fracas, enlace l’occupant d’une turbulence douce, le couve de poudre de bois ténue. Comme un grain de poussière, Le Boiseux se laisse entraîner par les envolées lyriques et rythmiques de Rastak, une formation ayant le vent en poupe, composée de multi-instrumentistes prodigieux. Leur manière de claquer les tambours et les mots, de chuter les vers et les airs, sur des instruments séculaires, vibrent en lui de mille cordes. Les sonorités semblent déjà là, inscrites en lui. Elles attendaient, comme une particule fine, qu’un souffle l’anime. En fermant la porte exposée plein nord, celle qui, d’après lui, provoque cet appel d’air, l'artisan mélomane pense pouvoir retenir le vent, et ainsi, lui reprendre ce qui lui revient de droit, aussi naturellement qu’il laisse de lui-même dans chacun des plateaux que l'on est inspiré de lui commander. « C’est sensationnel de se sentir chez-soi dans le vent », songe-t-il.

La marche nuptiale

L’atelier se dresse du côté impaire d’une voie sans trottoir, sans issue, délimitée par des haies vertes ou grillagées. À l’écoute de La marche nuptiale de Zic Zazou, une bande de bricoleurs extrayant des sonorités insolites d’objets issus de la vie d’ouvriers, le fabricant de plateaux de tables contemple la chaussée tantôt bosselée, tantôt creusée : magnifiques, sempiternels, les nids-de-poule s’y comptent par douzaines, prolifèrent d’une année à l’autre. Il remarque que, peu à peu, le temps sculpte la ruelle et lui octroie ses airs de fond de rivière, le charme d’un lit de grave.

La dernière hirondelle

« Que vais-je faire de cette liberté ? », se demande secrètement Le Boiseux ce matin d'octobre non sans ironie en franchissant le seuil de l’atelier dont il hume lentement et pleinement les particules volatiles de sève sèche. Sur les tonalités pourpres d’une berceuse népalaise qu’un courant d’air apporte, l’artisan mélomane improvise une chorégraphie voluptueuse dont il paraît connaître les pas et les gestes pour les avoir longuement répétés. Autour d’un grand plateau destiné à couronner de succès une table monastère pour petits cartésiens d’une famille nombreuse, le temps d’une collation, de ripailles plus franches ou de réunions studieuses, Le Boiseux coupe, colle, ponce les planches perforées, et danse aussi, apparemment insouciant, à l'image de la dernière hirondelle de la saison qui, sous ses yeux, s’en retourne déjà vers le soleil.

Générique de fin de chantier

« À quoi vais-je employer cette nouvelle journée de vie que m'offre l'univers ? », songe Le Boiseux, un sourire au coin des lèvres, en passant la main sur la surface encore brute d’un plateau qu’il s'apprête à parachever. Une belle journée en perspective, froide et grise, chauffée au poêle, comme il les aime car tout lui semble alors possible. Issus de sa liste de lecture, les accords aériens et les voix chevrotantes de Fréro Delavega, duo girondin, résonnent comme le générique de fin d’un vaste chantier. Un chantier intime, un face à face avec le destin, un dessus de table de deux cent cinquante centimètres de long sur cent de large et quatre d'épaisseur, une étendue de pin, de sapin, de hêtre, une biodiversité d’essences exotiques et de pays, de vingt cinq mille centimètres carré, soit cinquante kilos de bois des rues véritable qui plonge ses racines imperceptibles dans la rumeur de la ville, au cœur du brouhaha de la métropole bordelaise.

Trois heures dans l’obscurité

Au voile de poussière de bois habituel sur les carreaux de l’atelier s’ajoute un rideau de pluie. Les gouttes tombent drues, heurtent le verre. Le fracas couvre partiellement la voix suraiguë de Shamshad Begum (Shakeela) et celle, plus lointaine, de Mohamed Rafi (Dev Anand), chanteurs et acteurs indiens que diffuse le casque plaqué sur les oreilles du fabricant de plateaux de tables en bois réformé. O leke pehla pehla pyaar le propulse au milieu du printemps, à la fin de la saison des asperges sauvages : pour ses 11 ans, il avait, ce samedi-là, réuni assez d’argent pour se payer le ticket de la dernière séance et de quoi tenir près de trois heures dans l’obscurité : soda, popcorn caramel et pipas plein les poches. Son saccadé, image tailladée d’« éclairs » sur fond froissé, C.I.D., policier indien des années 50 lui paraissait alors merveilleusement sans fin.

Une scène contrastée et polie

Sous un ciel noir piqué d'étoiles, la nuit gémissait doucement au fond du silence. Le ponçage d’un plateau de deux mètres vingt de long sur quatre-vingt dix centimètres de large destiné à stimuler l’appétit créative au sein d’une équipe de fins gourmets se déroule sous les feux de la rampe, au bal musette du « Far West russe », et au rythme un peu circassien du groupe Отаvа Yo. Grâce à l’entrain de ces « pionniers » fervents d’instruments à cordes et de mélodies légères et aux trois degrés soutirés vaille que vaille au poêle effervescent pour rendre vivables les cinq heures que réclame l’étape, l'atelier, fumant, a déjà des allures de cabane au bord du Lac Baïkal. À l'issue des allées et venues récurrentes vouées à mater les fibres du bois, à recenser les imperfections et à les mettre en lumière, le dessus de table de réunions devient peu à peu un vaste nuancier d’essences urbaines plan et lisse, une sorte de scène, contrastée et polie, d’où l'on peut entendre crépiter le poêle dans la solitude de décembre, crisser les grains de silice et gémir le psaltérion des Отаvа Yo.

Plateaux de tables 'direct producteur'

Sur des plateaux qu'il compose planche par planche, avec à l'esprit vos impératifs propres, Le Boiseux écrit, avec vous, une histoire sur mesure, de l'atelier à l'assiette :

Livraison toute France (?)

Garantie à vie (?)

Devis détaillé : remises, tarifs pro., délais (?)

Savoir-faire validé par les pros. (?)

100% recyclage : palettes - bois réformé (?)

Fabrication artisanale française (?)