Je ponce, donc je sue : la métamusique d’un libre ponceur

L’atmosphère de l’atelier me presse comme un agrume mûr

« J’ai les aisselles mouillées, je transpire la joie de vivre ! », je songe, exalté devant une table en bois récupéré que j’affine à la toile émeri.

J’ai une journée de ponçage sous les bras, et l’atmosphère de l’atelier me presse comme un agrume mûr.

Un libre ponceur

Bienvenue sur Le Boiseux.fr, blog personnel d’un fabricant de plateaux de table et de décors muraux en bois recyclé, pour particuliers et professionnels.

Je suis Le Boiseux, un libre ponceur. J’invite mes lecteurs à découvrir la métamusique d’atelier : quand la métaphysique, incarnée dans le geste — conscient, répété, rythmé — devient source de partitions fines.

De l’huile de coude découle le gras du corps

J’aime ce plateau né sous mes mains, qui s’affine encore, au fil de caresses abrasives. Je l’harmonise à la manière d’un arpège, en modulant les passages.

Un panneau de bois assemblé, massif, destiné à couronner une table de repas sur mesure, à en devenir le visage, l’âme visible.

Une étendue en bois de ville, un meuble d’accueil long de deux cent quarante centimètres, large de quatre-vingt-dix, et convivial, prête à accueillir plus de dix personnes.

J’apprécie sa chaleur, son parfum, sa bonté, sa résonance. Il est là, dense, prêt à se livrer, comme une contrebasse.

Je le sens vibrer à travers le grain de silice, se métamorphoser au contact de mes doigts.

Les va-et-vient de la toile rugueuse sont autant d’appels à se révéler, comme si les fibres attendaient leur tour pour parler, pour chanter.

Elles deviennent peau, tendue, soie mate qui capte la lumière et répercute les bruits de l’atelier — les grains qui crissent, les soupirs entre deux gestes.

C’est une partition de lignes, une mesure piquetée de nœuds, un florilège de détails qui se compose peu à peu — le fruit d’une fabrication artisanale menée du premier coup de scie au dernier coup de pinceau — un pacte entre le matériau et mes mains, entre la future table et celui qui la fait naître.

« De l’huile de coude découle le gras de mon corps… », je me dis, convaincu que vouer sa vie à créer des plateaux et des tableaux est une manière d'exister — une existence dont la sueur est la manifestation la plus concrète.

Entre la poussière qui tombe et la sueur qui s’évapore

Pour moi, artisan du renouveau, qui me demande parfois si je ne suis pas qu’une illusion, un personnage fictif né du bruit et de la poussière, poncer est une réalité. Un acte par lequel j’habite mon corps, fais disparaître les images toutes faites, réduis en poussière les étiquettes qu’on plaque sur nous.

En tant que fabricant de meubles écologiques, artisan de ma propre vie — au service des autres — je me tiens là, contre l’établi, bien ancré dans mes chaussures de sécurité, la tête dans les nuages… de poussière.

Je ne suis pas un héros de brochure régionale. Je suis un homme vulnérable, poreux, qui façonne pour être utile. Je suis cette poudre que je génère en pensant. Elle est sèche, volatile. Moi, je suis fluide. J’expulse de l’eau, du souffle. Et entre les deux, une musique s’installe — une rumeur vitale, un chant sans parole.

Un lien s’établit entre ce qui tombe — le bois, la poussière — et ce qui monte — la sueur, les notes.

Poncer une table de repas durable ou un mange-debout éthique, c’est cela : relier ce qui se délite à ce qui persiste, ce qui s’effondre à ce qui s’élève. C’est une vérité qui ruisselle, s’insinue, laisse son sel dans les plis du geste. Une rumeur physique, une mélodie muette. Une preuve d’humanité, tenace.

Engager son corps dans un acte qui ne triche pas

Coulant sur mes flancs, la sueur décuple ma hargne d’aboutir — pour cette commande, comme pour tout élément de décoration intérieure dont je suis responsable. Mes gestes, animés d'une urgence vitale, s'enchaînent avec une fluidité hypnotique. Tel un abominable bonhomme de sciure qui entrevoit sa chance de devenir quelqu’un à travers les lames d’un plateau, je m’acharne à la tâche, sculpte mon destin dans la matière. Toute table lissée révèle une part de moi-même.

Poncer, c’est engager son corps dans un acte qui ne triche pas : il redonne forme au rebut, ressuscite la matière rejetée, et inscrit le geste dans une vérité tangible — celle des ressources, de leurs limites, de leur seconde vie. Un acte simple, primitif, mais d’une sincérité remarquable. Pas besoin de miroir pour savoir que j’existe : je suis là. Je sue. Je ponce. Je ponce, donc je sue.

Je fredonne alors une chanson de Silice, une artiste en exil, que j’affectionne et qui dit :

« Non, vous n’aurez pas ma liberté de poncer ! ... »

Une histoire sur mesure

Sur le(s) plateau(x) que je compose planche par planche, j'écris, en recyclant vos mots, une histoire sur mesure :

Livraison dans toute la France (?)

Garantie à vie (?)

Devis sans engagement : prix ‘direct producteur’, TVA non facturée… (?)

Savoir-faire validé par les professionnels et les particuliers (?)

100% recyclage : palettes déclassées - bois récupéré (?)

Fabrication artisanale locale - région bordelaise (?)

Encourager la microéconomie

Chatouillez les algorithmes des moteurs de recherche, titillez les, laissez un commentaire d’environ dix mots, volontairement provocateurs. Votre texte pourrait commencer par une formule neutre comme le quotidien Le Figaro ou la chaîne BFM TV, du style « Bonjour, votre travail est formidable :). J’adore les plateaux de table que vous faites… », et se conclure, en toute indépendance, à l'image du journal Le Monde ou Europe1, du style « Merci pour toutes ces précieuses infos., j’ai passé un bon moment. Je n’hésiterai pas à parler de vous autour de moi. Bonne continuation. »...