Quiétude inhabituelle
L’atelier devient une clairière, libérée de tout questionnement, un refuge sans contrainte, où il n’est pas nécessaire de prendre position, de trancher. Et moi, simple veilleur immobile, témoin silencieux de ma propre vie, ancrée dans l’instant.
Le bruit sec du rabot qui glisse sur la surface d’une table en chantier, de longues coulées de copeaux s’enroulent comme des filaments d’écume, je me laisse absorber par une quiétude inhabituelle. Une vague douce qui touche quelque chose de profond en moi, une partie de moi-même que j’ai peu l’occasion d’écouter.
Chaque geste répond à une question
Sur les surfaces des tables qu’on me confie, je grave des signes qui interrogent autant qu’elles embellissent. Chaque geste répond à une question, chaque copeau murmure un fragment de vérité.
Bienvenue sur Le Boiseux.fr, où chaque geste répond à une question, chaque copeau murmure un fragment de vérité. Je suis Le Boiseux, passeur de matière. Sur les surfaces des tables qu’on me confie, je grave des signes qui interrogent autant qu’elles embellissent.
Un souffle intérieur
Cette tranquillité exceptionnelle n’est pas un état de calme, mais une intensité particulière. Une conscience aiguë de la matière sous mes mains, de l’air que je respire, de la lueur qui effleure les outils. Comme si chaque grain de poussière, avait quelque chose à dire.
Dans la lumière dorée qui traverse l'atelier, les particules de poussière dansent, en suspens, capturant le rayon qui perce les fenêtres fendues. J’inspire cette lumière, comme une liqueur légère qui réchauffe et apaise, et je sens, derrière le bruit de la lame qui écorche le bois, un autre souffle. Un souffle intérieur.
Il y a ici une solitude rare. Non pas l’isolement pesant, mais une solitude que j’accueille comme une confidence. Le silence entre les gestes, l’espace entre les respirations. Le rabot trace sa route, il n’y a plus que cette ligne qui se dessine sous mes doigts, comme une promesse à tenir. Je m’y tiens. Je m’oublie.
C’est une sorte de repli, une déchirure dans l’épaisseur du quotidien. Loin des voix, des regards, des injonctions. Une pause sans justification. Une ouverture en moi. J’écoute.
Une conscience aiguë
J’observe mes mains qui tiennent le rabot, les copeaux chauds apparaissent et tombent, se dissipant sans bruit. Mais avec un détachement, exempt de fascination ou de regret. Je n’analyse pas mes gestes, je ne cherche pas vraiment à saisir l’essence de l’étape. Ils se produisent, ils passent.
J’observe mes mains qui tiennent le rabot, les copeaux chauds apparaissent et tombent, se dissipant sans bruit. Mais avec un détachement, exempt de fascination ou de regret. Je n’analyse pas mes gestes, je ne cherche pas vraiment à saisir l’essence de l’étape. Ils se produisent, ils passent. J’accepte cette traversée, sans m’efforcer d’en déchiffrer les contours. L’atelier devient une clairière, libérée de tout questionnement, un refuge sans contrainte, où il n’est pas nécessaire de prendre position, de trancher. Et moi, simple veilleur immobile, témoin de ma propre vie, ancrée dans l’instant.
Cette tranquillité exceptionnelle n’est pas un état de calme, mais une intensité particulière. Une conscience aiguë de la matière sous mes mains, de l’air que je respire, de la lueur qui effleure les outils. Comme si chaque grain de poussière, avait quelque chose à dire.
Alors je continue. Le rabot glisse. Une fine volute se déroule, tournoie dans le rayon de lumière, puis disparaît. Et moi, je respire. Je suis là, entièrement là, dans ce souffle suspendu, une partie de moi-même que j’écoute enfin.
commentaires