Fenêtre pleine d'étoiles

La fenêtre de l'atelier était déjà pleine d'étoiles. Avec leurs tambourins, leur accordéon, leur violon tenu sur le genou, leur langue qui claque la joie, les membres de Du Bartàs avaient, ce soir-là, mis le feu à l'établi et à un appartement du Sud-Ouest de la France. Le fabricant de plateaux de tables resserre les lacets de ses chaussures, ajuste le volume sonore des écouteurs, puis amorce le travail de ponçage, animé par les rythmes occitans.

Écouter l’orage tambouriner

Le Boiseux ôte le casque et interrompt le flux musical qui se déversait dans ses oreilles, cesse de composer le plateau en cours pour interroger l’air humide de novembre, écouter l’orage tambouriner le ciel bordelais. Pendant ce temps, la dambora des cavaliers de la steppe, elle, continue de galoper en lui.

De chrome, de cuir et de youyous

Avant qu'une moto traçant la A62 voisine de l'atelier sombre, dédaigneuse, dans les profondeurs muettes, le FA dièse toussotant du moteur avait néanmoins aidé le fabricant de plateaux de tables à se représenter les courbes noires des années quatre-vingt-dix, flanquées de flammes oranges. Le chant de la "pétoire" sur une mélodie exécutée en pinçant une à une les cordes d'une guitare agrémente sa pause nocturne d'alliages, de chrome, de cuir et de youyous.

Dépression joyeuse

Le Boiseux sifflote l'air de Rajery. "Je flûte l'hymne de ma nuit", songe-t-il, les écouteurs enfoncés dans le conduit auriculaire. Le jet d'air aigu et mélodieux qu'il expulse de sa bouche ondule, crée une dépression joyeuse près de son visage et tout autour de sa tête. Le pollen du bois des rues, ainsi provoqué, enrobe aussitôt le refrain sifflé, gai et aérien. Les paillettes de pin, de chêne et autres padouk et garapa, scintillent, palpitantes, sous le néon, voltent au-dessus du ponceur. Elles l'accompagnent dans ses mouvements vigoureux tandis qu'il gravite, sifflotant, autour du plateau en devenir. Sous la poussière d'étoiles, il accomplit sa révolution nocturne, discrète, quand tout le monde dort.

Sans haine, sans armes, sans violence

Après s’être déclaré Citoyen du monde, après s’être indigné de sa voix et de sa plume, après nous avoir promis qu’il ne lâcherait rien, après avoir rallumé les étoiles avec sa joyeuse bande de saltimbanks, HK chante “Sans haine, sans armes, sans violence”.

Musiques nées en eaux chaudes

Le Boiseux espère cette clarté pâle du petit matin, seule capable de révéler au monde l'harmonie du plateau qu'il s'était acharné toute la nuit à créer en écoutant Andalucious, une bande de copains passionnés de musiques judéo-arabo-berbères nées en eaux chaudes de la Méditerranée.

L'oreille endimanchée

Dans la solitude que les ténèbres amplifient, les oreilles endimanchées, Le Boiseux remue sur les basses et l'accent saharien du groupe Terakaft, et mesure, réjoui, le plateau de table s'apparentant à une étendue de bois de villes à explorer, à cultiver, à choyer. « Du "prêt-à-poncer" pour se changer les idées », se dit-il en ôtant, par des gestes rythmés, comme entrée en scène, un à un la poignée de copeaux vieux d'un jour parsemant le meuble en chantier.

Le murmure occitan

Alors qu'il affine le grain du bois et choie les nœuds (ces boutons enchâssés ô combien gracieux et dont le charme naturel couronnera le plateau de mille fleurs que seules les essences issues de la forêt urbaine savent les offrir à qui veut les voir), Le Boiseux se demande, en entendant le murmure occitan, si la vraie musique ne se cache pas là, entre les planches des dessus de tables qu'il crée et les cordes pincées d’un violon qui vibrent de toute la moitié sud de la France.

Les tympans habillés pour une nuit festive

Alors que Saeid Shanbehzadeh vide ses poumons dans le neyanban, la cornemuse persane, Le Boiseux, lui, les tympans habillés pour une nuit festive, caresse, d’abord, la surface, rugueuse, du dessus de table en chantier. Du bout des doigts, il examine les aspérités du matériau, mesure les désaffleurs et irrégularités, les recense, en évalue l’ampleur avant de s’engager dans le corps à corps auquel il se prépare depuis la veille. Les percussions fermes et assourdissantes de Naghib font trembler les murs de l'atelier. De concert, les deux artistes afro-iraniens, père et fils, lui insufflent leur énergie. Le Boiseux empoigne l'un des rabots. La lame glisse, fait fi des nœuds, écorche la surface du plateau en éclosion et, inlassablement, les copeaux apparaissent, longs et fins et transparents, ils s'enroulent autour de son poignet, puis s’amoncellent à ses pieds. À cet instant précis, il mesure sa chance. Il réalise que seul un fabricant de plateaux de tables bien né peut s'enorgueillir d'entrevoir le monde vibrer au travers d'une membrane en bois de villes si transparente, si chaude… 

Orchestration colorée et enlacée

Le Boiseux se laisse transporter par un duo détonnant. Yaron Pe’er fait chanter son rabâb enrobé de violoncelle. Sous une orchestration colorée et enlacée, par moment enragée, du rabâb et du violoncelle, et à force d’obstination, l'aube moins ténébreuse à laquelle aspire secrètement l'artisan, dévoile enfin un plateau de table marqueté çà et là de résidus de vieilles peintures.

Tables de repas en circuit court

Sur le(s) plateau(x) qu'il compose pour vous planche par planche, avec à l'esprit vos impératifs propres, Le Boiseux écrit, en recyclant vos mots, une histoire sur mesure, de l'atelier à l'assiette :

Livraison toute France (?)

Garantie à vie (?)

Devis détaillé : remises, tarifs pro., délais (?)

Savoir-faire validé par les pros. (?)

100% recyclage : palettes - bois réformé (?)

Fabrication artisanale française (?)